Chronique : James Vincent McMorrow – ‘Wide open, horses’
Écouter le nouvel album de James Vincent McMorrow en voiture avec les fenêtres grandes ouvertes donne l’envie furieuse et soudaine de partir à l’aventure, de rouler sans destination précise, en se laissant simplement guider par l’insouciance et la légèreté accompagnant nos chaudes nuits d’été. Grandiose et cinématographique, ‘Wide open, horses’ le septième album studio du chanteur irlandais est une invitation à la rêverie et à la contemplation. Si ‘The Less I Knew’ paru il y a tout juste deux ans le préfigurait, ‘Wide open, horses’ apparait comme l’album tant attendu du retour aux sources pour James Vincent McMorrow. Enfin libéré des contraintes imposées par les majors, le dublinois a retrouvé la liberté de création de ses débuts, avec l’expérience en plus et l’urgence en moins.
On découvre ainsi dans cet album 13 titres aux accents folk d’où se dégage une fragilité authentique et assumée, résultants d’un voyage musical unique. McMorrow a pour l’occasion rassemblé des musiciens tous aussi talentueux les uns que les autres en leur proposant un défi : celui de travailler sur les arrangements de ses chansons en très peu de temps et sans les avoir écouté avant cela. Faire naitre la créativité au milieu du chaos, ne pas en avoir peur mais au contraire accepter l’idée qu’il fasse partie de tout processus artistique. Et le résultat est tout simplement magique.
Construit comme une longue lettre d’amour en 13 parties, à la fois romantique et platonique, ‘Wide open, horses’ nous invite à ouvrir notre cœur, à vivre au présent, mais aussi à nous interroger sur notre rapport au monde. “What the fuck are any of us really doing here? Do we even exist at all?” chante t-il dans le titre d’ouverture Never Gone. Ces thèmes et ces interrogations, on les retrouve dans les arrangements, conçus à l’instinct à base d’expérimentations et d’improvisations. Mêlant harmonies vocales, percussions désarticulées, sonorités organiques et basse vrombissante, le titre éponyme tout comme Look Up!! sont musicalement tout simplement grandioses.
Rien n’est laissé au hasard dans ce disque subtil et magnifiquement orchestré par McMorrow dont la voix d’ange semble s’être affinée au fil des années, comme vieilli un bon vin. A la manière de Justin Vernon, il juxtapose les voix et les rythmes pour sublimer ses compositions et apporter sans cesse de la nuance. Comme lorsqu’il invite sa fille à donner de la voix sur l’enthousiasmante Give Up. L’émotion est constamment palpable, notamment sur Darkest days of winter, l’une des pièces maitresses de cet album ou sur Stay cool, magnifique balade au style épuré. Mention spéciale pour Call me back et sa mélodie entêtante dont on ne se lasse pas.
Si après ‘Early in the Morning’, paru il y a presque 15 ans, James Vincent s’est un peu perdu dans ses élucubrations musicales, il signe avec ‘Wide Open, Horses’ son album le plus abouti à ce jour. Certes long, dense et subtil, il offre cependant aux auditeurs une véritable expérience auditive doublée d’une belle lettre d’amour au concept d’album. Un véritable chef-d’œuvre.