Parfois une sortie d’album est bien plus que ce que l’on imagine. Pour John Butler, celle-ci s’apparente à une résurrection tant elle tient un rôle vital. L’artiste australien fait ainsi son retour avec ‘Running River’, un disque méditatif composé de longs instrumentaux qui surprend tant celui-ci est à des années lumières de l’univers du virtuose. En réalité, John Butler avait besoin de guérir. Car si depuis son dernier album studio, l’excellent ‘Home’ paru en 2018, il est resté plutôt silencieux (si on exclut une réédition et un live), c’est qu’il a traversé des moments sensiblement difficiles. Sur les rotules après la tournée de ‘Home’, John Butler souffrant d’anxiété extrême, a choisi de démanteler le trio. Et alors que le monde gérait à sa manière la crise du Covid et la guerre en Ukraine, lui devait en plus faire face au décès de son père et celui de son beau-père. Cela l’a amené à abandonner par la même occasion la composition ce qui aurait dû être son huitième album studio sur lequel il travaillait durant les confinements.
C’est suite à ces évènements tragiques qu’est né ‘Running River’, un album atypique composé de presque deux heures de musiques relaxantes et méditatives où la guitare est certes présente mais tantôt remplacées par des flutes et des percussions. John Butler nous offre surtout un espace de paix et d’introspection, comme une parenthèse permettant d’oublier la vertigineuse dégradation du monde dans lequel on vit continuant sa lente auto-destruction, entre aberrations écocides et augmentation des inégalités. Ces thèmes environnementaux et politiques animent John depuis ses plus jeunes années, engagement qu’il partage régulièrement sur ses réseaux sociaux. Comme un besoin de revenir à la terre, aux racines, à notre humanité en quelque sorte, ‘Running River’ est un album contemplatif qui peut autant agrémenter une journée au bureau qu’une séance de yoga ou de relaxation. Il s’apprécie comme une reconnexion profonde, un souffle nécessaire, une invitation à la guérison aussi pour ceux qui ont besoin de soigner leurs maux. Principalement instrumental, on y découvre cependant la voix de John sur les titres Pray For My People et Watturu Chant, qui sur la longueur peuvent lasser.
‘Running River’ s’annonce comme le premier opus d’un projet musical intitulé The Four Seasons, constitué de quatre albums qu’il décrit comme « un échafaudage conceptuel » pour l’aider à retrouver sa créativité. Le deuxième, ‘Still Searching’, sortira en octobre et sera également composé de titres instrumentaux inspirés de ses jeunes années passées à Fremantle où il a grandit. Le troisième prévu pour 2025 s’approchera davantage d’un enregistrement studio et pour le quatrième annoncé pour 2027, John reprendra le travail avec un groupe après ce retour aux sources nécessaire pour l’artiste qui espérons-le aura retrouvé son mojo comme il affiche pleinement une sagesse qui lui va si bien.
