Avoir foi en l’amour en 2024 peut sembler étrange à bien des égards pour nombre d’entre nous. Ghosting, rossing, tuning, benching, etc… Les relations humaines n’ont jamais été aussi compliquées – preuve s’il n’en est de l’existence de tous ces anglicismes et concepts peu familiers pour les personnes en couple – et interpellent plus qu’elles n’enivrent. Ces péripéties amoureuses sont au cœur du nouvel album de Madi Diaz intitulé ‘Weird Faith’ qui fait suite à ‘History Of A Feeling’ paru en 2021. Dans ce précédent opus, il était déjà question de sentiments amoureux mais la chanteuse américaine abordait ce thème sous le prisme de la rupture et le deuil inhérent à toute relation qui se termine.

Bien qu’écrit dans la douleur, ce quatrième album studio aura au moins eu pour effet de booster la carrière de l’artiste de 37 ans. Premiers passages télé, tournée mondiale en solo puis en première partie d’Harry Styles notamment, Madi Diaz a acquit une renommée et son ascension fulgurante se trouve logiquement au cœur de ‘Weird Faith’. Son deuil fait, c’est ainsi avec un enthousiasme renouvelé que Madi Diaz a retrouvé Nashville pour se pencher sur l’écriture de ce disque afin de continuer à raconter son histoire. L’histoire d’une femme blessée mais qui continue de croire en de jours meilleurs, en cette capacité qu’a chacun d’entre nous de trouver le courage pour rebondir et croire à nouveau au bonheur et en l’amour. Quand bien-même on a souffert bien plus qu’on le l’aurait imaginé. A cette volonté de s’ouvrir et d’aimer à nouveau se joignent les questionnements, les doutes. Et ils sont nombreux à l’écoute des douze titres composant ‘Weird Faith’.

« What the fuck do you want? Cause I’ll give you all that I’ve got » (« Qu’est ce que tu veux putain? Par que je te donnerai tout ce que j’ai« ), premiers mots de la chanson Same Risk qui ouvre l’album pourrait donner le ton. Cette chanson folk désarmante rappelle un tant soit peu l’écriture sans concession d’une Ani DiFranco. Mais la suite est cependant plus douce, sorte d’énumérations de toutes les questions qu’on peut se poser au début d’une relation, quand l’on cherche à savoir ce qui est acceptable ou non, si on prêt à s’engager et à se dévoiler tel qu’on est. Musicalement, les chansons s’enchainent apportant chacune leur lot de douceur, quand on se laisse le temps d’un instant bercer par la voix de Madi Diaz ou les instrumentations soignées et épurées signées Sam Cohen (Norah Jones, Joseph Arthur) et Konrad Snyder (Karen Elson), comme la magnifique Don’t Do Me Good ou le tout aussi sublime titre éponyme.

La plus poignante de ces douze chansons est certainement celle qui clôture le disque. Avec ses riffs de guitare électrique, Obsessive Thoughts aborde ces ruminations mentales qui envahissent et paralysent, embrouillent et questionnent sans répit. Cette chanson est pour tous ceux qui, à un moment ou un autre, sont passés par là. Cette chanson vient donc conclure un album audacieux qu’on pourrait voir comme une tranche de vie ou un auto-portrait pour son auteure et pour nous autres, un instantané de notre société actuelle, dans toute sa complexité et sa douleur. Avec ‘Weird Faith’, Madi Diaz se met à nu tout en nous interrogeant sur notre vision des relations amoureuses. Évitant de sombrer dans le sentimentalisme, elle livre un album essentiel qui frappe au cœur et interpellera toute une génération en quête de sens.

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