Chronique : Ocre – ‘So Often Lifeblood Comes From Ashes’
Ocre possède l’expérience et l’élégance caractéristique de ces groupes qui se sont forgés à l’adolescence, répétant de longues heures durant dans la fraicheur et l’inconfort d’un garage pour créer, peaufiner leur son, explorer chaque recoin de leur univers. Depuis leurs débuts au lycée, Pierrick A. et Damien A. ont évolué chacun de leur côté, gagnant en maturité et en pertinence avant de se réunir en 2022, portés par une envie commune d’insuffler de la simplicité et de la spontanéité à leur jeu. Leur premier album ‘So Often Lifeblood Comes From Ashes’ qui sort aujourd’hui dans les bacs ne vient que confirmer ce que laissait entrevoir leur ‘First E.P.’ paru trois ans plus tôt : une identité musicale forte résidant dans la capacité à distiller des mélodies audacieuses qui subliment une voix sombre et magnétique.
Et dès les premières notes de Don’t Worry le ton est immédiatement donné. Porté par des riffs incisifs et la voix profonde de Pierrick A., le premier single évoque notamment Bush et les grands maitres du grunge. Avec It Was Nothing, cette influence devient encore plus évidente, mais ce qui frappe surtout, c’est la capacité d’Ocre à offrir un son sophistiqué et riche malgré une configuration des plus minimaliste. Le groupe sait également jouer avec les nuances et varier les émotions, comme en témoigne So Long qui, après une entrée en matière empreinte de mélancolie, apporte une touche de lumière bienvenue. Le duo guitare-batterie fonctionne aussi à merveille lorsque Damien accélère le tempo et frappe ses futs avec fureur sur des morceaux tels que I.L.Y. ou The Three Stages Of Stress.
Avec ‘So Often Lifeblood Comes From Ashes’, Ocre signe ainsi un premier album prometteur empli de subtilités sur fond de revival 90’s qui fait du bien dans un paysage musical souvent trop aseptisé. Faisant peu dans la dentelle, le groupe puise sa force dans sa configuration réduite comme une manière de ne pas s’embarrasser du superflu. L’ensemble est efficace, raffiné sans être prétentieux, possédant ce qu’ont ces groupes déterminés qui font tout eux-même : une véritable envie d’en démordre, de faire bouger les lignes et de se donner les moyens de leurs ambitions.