Si certains rendent visite à leur psy quand ils vont mal, d’autres écrivent et composent des chansons pour se confier. Coucher sur le papier ses tourments et ses interrogations devient ainsi le moyen de prédilection pour se libérer et retrouver paix et apaisement. La chanteuse Marika Hackman fait partie de ces artistes pour qui composer à quelque chose de thérapeutique. De vital même. Avec ‘Big Sigh’, son quatrième album qui parait cinq ans après ‘Any Human Friend’, la jeune britannique se livre comme jamais à travers 10 chansons dont l’écrin électrique tranche définitivement avec l’indie-folk de ses débuts.

On retrouve néanmoins dans ce disque la patte de Marika Hackman à l’écoute de ce nouvel ensemble de chansons empreintes de mélancolie et de poésie. Comme son titre le suggère, la chanteuse évoque le soulagement, la nostalgie d’une période révolue, le désir ou encore le stress comme étant l’un des principaux maux de notre siècle. La récente pandémie mondiale a cristallisé toutes ces émotions négatives chez Marika qui a perdu l’inspiration durant cette période. Pour autant, elle n’est pas restée inactive et a sorti un album de reprises fin 2020 mais au plus profond d’elle-même, elle se demandait si elle pouvait un jour écrire de nouvelles chansons. On ne peut que mieux mesurer à quel point ‘Big Sigh’ est l’album le plus difficile qu’elle ait écrit.

Musicalement, le résultat est une vraie réussite. Hackman, qui joue de tous les instruments mis à part les cordes et les cuivres, subliment ses chansons de paysages sonores cinématiques délicats et élégants. Elle y alterne les rythmes avec brio, comme sur Hanging qui évoque la fin d’une relation amoureuse ou The Ground qui ouvre en douceur l’album avant de monter crescendo pour un final explosif rappelant Radiohead période ‘A Moon Shaped Pool’. Le piano, central dans la plupart des titres, est parfaitement arrangé avec l’ajout de guitares électriques, de batterie et de cordes pour un rendu envoutant et captivant. Mais les mélodies complexes composées par Marika Hackman ne sont pas sa seule réussite. Elle fascine également par son audace, abordant notamment dans Slime la romance et le sexe sans détour, de manière parfois crue sans pour autant manquer de sensualité.

L’album s’achève comme il a commencé, tout en douceur avec The Yellow Mile dans lequel on peut entendre le doux son d’une guitare acoustique, sorte de réminiscence de son début de carrière. Une manière peut-être de mesurer le chemin parcouru pour une artiste au parcours singulier et décomplexé, ponctué par des angoisses et des traumatismes qui sont devenus des thèmes récurrents dans sa musique, abordés non sans humour. ‘Big Sigh’ dresse surtout le portrait honnête d’une femme de son temps, au cœur battant mais au cerveau parfois fatigué, déterminée malgré tout à faire entendre sa voix et à nous rappeler que dans la vie, rien n’est figé. Que d’une panne d’inspiration, on peut accoucher d’un album merveilleusement abouti. Qu’il suffit d’inspirer et d’expirer, pour aller de l’avant.

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