Percheye : « Je fais ce que j’aime, sans pression »
Percheye, c’est l’histoire de Tristan Rolland, pâtissier de formation qui à ses heures perdues, laisse libre cours à ces deux passions : la peinture et la musique. Ces passions ont depuis quelques mois prit le pas sur son premier métier car comme il nous l’a confié, Tristan ne fait pas les choses à moitié. Il a écrit, composé et interprété ses chansons mais a aussi réalisé la pochette de son premier album, ‘Demi-Mesure’ paru en septembre dernier chez B&D Production. Ce disque impressionne par sa fraîcheur, sa spontanéité et ses sonorités pop et rock psyché. La musique de Percheye fait du bien et tranquillise autant qu’elle nous plonge dans une forme de nostalgie et nous touche en plein cœur. Elle rappelle des artistes de renom tels que Mac Demarco et Toro Y Moi mais participe à créer son propre univers. Avant les fêtes de fin d’année, Tristan a accepté de répondre à nos questions et de nous parler un peu plus longuement de son projet musical.
The Morning Music : Peux-tu nous raconter comment est né Percheye ? S’agit-il d’un nom de scène ou plutôt d’un personnage ?
Percheye : Percheye est devenu mon nom d’artiste lorsque j’ai commencé à faire du street art. A cette époque, je peignais un œil qui ressemblait à une planète, avec en fond des étoiles. Je reproduisais la même chose à chaque fois. Percheye, c’est un jeu de mots avec cette planète en forme d’œil perdue dans l’espace. A l’origine je suis pâtissier mais je suis depuis longtemps passionné par la peinture et la musique. J’ai commencé en composant des musiques après le travail. Je les enregistrais et je les mettais sur Soundcloud. C’était un besoin plus qu’autre chose. Et quand je me suis mis à les partager sur les plateformes, je me suis dit que j’allais utiliser le même nom d’artiste que pour la peinture.
TMM : Tu es seul dans ce projet ?
Percheye : Je suis accompagné par des musiciens depuis peu mais ça fait des années que je produis de la musique. Ça a commencé à l’adolescence. J’ai sorti quelques single, des EP. Puis l’an dernier en septembre j’ai décidé de sortir un album, ‘Demi-mesure’, qui est une sélection des musiques composées pendant l’été qui me plaisaient le plus, qui possédaient la même vibe. Je l’ai fait écouté à un ami musicien qui m’a rapidement rejoint dans le projet. L’album était déjà en cours de mixage lorsque nous avons signé avec une société de production qui a donc repris le projet en route. Et puis nous avons vite vu les limites d’être deux dans le groupe. Aujourd’hui dans Percheye je suis accompagné de Julien Bacquart à la basse, Thomas Valay à la guitare et Thomas Henri à la batterie.
TMM : Ton premier album ‘Demi-Mesure’ est sorti il y a quelques mois, comment te sens-tu ?
Percheye : Je suis hyper content. Tout ce qui est en lien avec la sortie de l’album est une succession de premières fois. J’avais prévu de le sortir tout seul, sans production, sans label. Mais je n’aurais pas su faire la promotion tout seul. On a par exemple retardé la date de sortie pour travailler sur les visuels qui sont des peintures que j’ai faite pour l’album. Le retour des gens a été très bon. Et puis je n’avais jamais fait de concert. Je rêvais depuis longtemps de sortir un album, de monter sur scène donc je suis très content de tout ce qui se passe.
TMM : Tu as grandi en écoutant les Arctic Monkeys, les Strokes ou les Killers, pourtant ces influences ne sont pas très présentes à l’écoute du disque…
Percheye : J’ai surement évoqué les groupes les plus connus concernant mon adolescence mais je vis désormais à Paris depuis 10 ans et mon univers musical s’est étoffé. Mes influences sont actuellement très variées mais je peux citer Mac deMarco, Toro Y Moi ou encore Vulpeck parmi ceux qui m’inspirent.
TMM : A l’instar d’un Mac deMarco, on sent à l’écoute de ta musique qu’elle cherche à faire du bien aux gens.
Percheye : C’est vrai qu’il y a ce côté solaire parce que l’album a été réalisé pendant l’été et j’étais dans ce mood là à cette époque. Lorsque je travaillais dans la pâtisserie, je n’avais pas beaucoup de temps libre. Même si la musique était déjà une passion, je n’avais pas envie de passer trop de temps sur les morceaux. Je me suis mis à composer énormément en me laissant porter par les instruments que je trouvais sans essayer à tout prix de faire des morceaux parfaits. J’allais ensuite au bord du canal à Paris pour les réécouter et ceux que j’ai choisi de mettre sur l’album sont ceux qui me plaisaient le plus. C’est un mélange de quelque chose d’assez joyeux avec une petite note de mélancolie, qui n’est pas toujours synonyme de tristesse.
TMM : On trouve effectivement dans Demi-mesure des morceaux solaires, je pense à Tikking on the bell ou Mr Conflict mais aussi certains plus mélancoliques tels que On My Mind ou Call Me, comme si derrière l’aspect plutôt cool tranquille de ta musique, les auditeurs peuvent accéder à tes parts d’ombre que tu assumes complètement.
Percheye : En fait depuis que nous avons créé le groupe et que nous jouons sur scène, nous avons adapté les musiques de l’album pour développer le côté groovy des morceaux. En concert, cela donne un set qui est très dansant, très solaire. Mais je n’ai pas envie de perdre cette part de mélancolie qui m’habite. J’ai une grande nostalgie au fond de moi, j’ai toujours été un peu comme ça. Même si je suis quelqu’un d’assez joyeux, j’ai envie de conserver ce côté balade mélancolique, un peu moins dansant, même si je sais que le public attend ça. Cette dualité fait partie de Percheye.
TMM : Comment est né Tikking on the bell ? Que raconte ce titre ?
Percheye : Tikking On The Bell ça parle de quelqu’un qui a tendance à faire l’autruche, à se mettre des œillères pour ne pas voir ce qui va lui déplaire. Le fait de sonner la cloche consiste à se demander s’il faut ouvrir les yeux et se rendre compte de ce qu’il se passe réellement quitte à en assumer les conséquences ou s’il faut rester dans son monde et vivre plus simplement en étant naïf mais heureux. Moi j’ai tendance à faire l’autruche face à un problème et à essayer de l’ignorer. Sonner la cloche, c’est un appel à l’action, à enlever les œillères.
TMM : La plupart de tes morceaux sont plutôt courts, on retrouve là le côté expéditif de tes premières influences rock. Est-ce un souhait pour toi d’aller à l’essentiel ?
Percheye : Oui, j’ai voulu garder le côté très spontané de la composition instinctive. La plupart des chansons ont été composés en une après midi. Elles n’ont été retravaillés qu’au mixage. Ces musiques sont en quelque sorte imparfaites dans le sens où je n’ai pas passé deux mois à chercher le son parfait et c’est ça qui me plait dans le processus. Le fait qu’elles soient courtes n’a pas été réfléchi, j’ai vraiment voulu garder ce côté spontané. Cela devait aussi ressembler à mon état d’esprit de l’époque.
TMM : Tu trouves toujours l’inspiration aussi facilement ?
Percheye : Non, l’inspiration a quelque chose d’assez éphémère. Il y a des moments où je vais en avoir, je vais faire une musique par jour et sur une semaine il y en aura une qui sera vraiment bien. Et puis il y a des périodes où c’est plus creux. Je ne me considère pas vraiment comme un bon musicien, je joue du piano, de la guitare, je chante mais je n’excelle dans aucun instrument. Je le fais de manière quasiment autodidacte. Ce qui me rassure quelque part c’est que je considère qu’il est difficile de percer dans le monde de la musique. Aujourd’hui tout le monde peut faire de la musique, produire et publier. Le fait d’être noyé dans tout ce contenu à quelque chose de rassurant. Je ne me mets pas de pression, je fais ce que j’aime. C’est ce côté imparfait de mon projet qui est l’élément qui lui donne du charme et qui me fait me démarquer des autres. Si j’essaie de faire de la pop parfaite, cela n’aura pas le même cachet. Pour le deuxième album, il s’agira une autre expérience avec le groupe, réfléchie et collective.
TMM : Depuis le Covid, le secteur de la musique continue d’être touché. Les SMAC sont en danger… Comment cela t’impacte directement ? Qu’est ce que c’est de devenir artiste en 2023 ?
Percheye : Disons que j’ai arrêté la pâtisserie pour pouvoir me dédier à mes passions. Le projet musical tel qu’il est actuellement n’était pas planifié. Je ne me dis même pas que je vais faire de la musique mon métier. Je le vis juste comme une expérience que je rêvais de vivre et que je veux vivre à fond, monter les marches de l’escalier au fur et à mesure. Je le fais pour les bonnes raisons. Je connais des artistes très talentueux qui peinent à vivre de leur art même après 10 ans dans la musique. Je serais très content de prendre la décision de me plonger à plein temps dans mon projet musical si ça fonctionne mais pour l’instant je n’en suis pas là. Ce n’est pas pour autant que je fais les choses à moitié.
TMM : Quels sont tes projets à venir ? Ton actu ?
Percheye : Après le premier concert à Paris, on prévoit de faire une petite tournée en France en 2024. Et puis en début d’année on va tourner le clip de Goodbye avec des amis.