On se remet à peine d’une tempête qu’une autre s’annonce, mais bien heureusement musicale celle-ci. Avec ‘Paris Cyclone’, son premier album, le duo Charlotte Fever frappe fort à grands renforts de boules à facette et de rythmes chaloupés pour égayer notre quotidien automnal un brin morose. Livrant une pop à l’esthétique espiègle et brûlante, Cassandra Hettinger et Alexandre Mielczarek nous emmènent sur les rivages agités d’une plage de sable chaud.

Et d’emblée, Plage convexe donne le ton et l’atmosphère de l’album. Avec sa ligne de basse groovy et ses synthés tropicaux, on découvre un univers solaire et coloré qui invite irrémédiablement à la danse. Il suffit de quelques minutes pour embarquer dans l’imaginaire poétique et aquatique du duo et se laisser submerger par un flot de good vibes qui réchauffe en ce mois de novembre. Au fil de l’album, Charlotte Fever évoque tour à tour une idylle estivale teintée de nostalgie dans Septembre, une croisière fun et décalée dans A la piscine ou encore le calme avant la tempête au bord de l’océan dans Étincelles. Avec subtilité, le duo fait grimper la température en enchainant les pépites acidulées et caniculaires aux mélodies entêtantes toutes aussi irrésistibles les unes que les autres. Les influences très marquées de Tame Impala, Polo & Pan ou encore Gainsbourg, notamment sur Bon temps, sont pleinement assumées ce qui permet à Charlotte Fever d’éviter l’écueil de proposer un ersatz qui aurait desservi le projet. Car même en utilisant des instruments tropicaux et des nappes de synthés déjà entendus maintes fois, le duo parvient à créer son propre univers, tantôt lumineux, tantôt étrange mais toujours mélodique et teinté d’une réjouissante touche de second degré.

Et même quand il prend un virage synthwave et change complètement de décor avec Miami, l’univers de Charlotte Fever ne perd pas en authenticité. Au contraire il gagne en profondeur, nous plongeant dans un paysage cinématographique à la Nicolas Winding Refn. Exit la plage, c’est dans un décor plus urbain que l’ardent duo nous emmène sur la fin de ce disque, voire même dans une simple chambre. Le titre érotique un brin taquin In love de moi fait monter le thermomètre en flèche. Les voix parlées-chantées, présentes tout au long de l’album, fonctionnent ici à merveille. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’avec ‘Paris Cyclone’, Charlotte Fever fait souffler un vent de liberté en livrant un premier disque réussi et s’affirme comme la relève de Serge Gainsbourg et de Polo & Pan. L’automne s’annonce torride à Paris.

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