Avec ‘This Wild Willing’, son précédent album, Glen Hansard prenait le parti de casser les codes, quitte à décontenancer ses fans de la première heure. Quatre ans plus tard, le chanteur irlandais revient avec un album plus rock qui ne délaisse pas pour autant les ballades méditatives et hypnotisantes dont il a le secret. ‘All That Was East Is West of Me Now’ est né d’une série de concerts impromptus donné dans l’arrière-salle d’un petit pub de Dublin à l’automne dernier. Et pour l’occasion, Hansard s’est accompagné de Joseph Doyle et Graham Hopkins, ses acolytes de The Frames, du violoniste Gareth Quinn et de la pianiste Megan O’Neill. De ces expérimentations scéniques en résulte un album tour à tour retentissant et intimiste.

L’album s’ouvre ainsi toutes guitares dehors avec The Feast Of St. John qui d’emblée plante le décor. On s’imagine sans peine dans ce petit pub de la capitale irlandaise à enchainer les pintes avec les copains alors que la semaine vient à peine de commencer. Au fond du bar, on projette Hansard et ses camarades mettre l’ambiance avec quelques chansons que tout le monde reprend en cœur, à l’image de No Mountain, autre hymne fédérateur de l’album qui voit le chanteur renouer avec son amour pour la musique folk. Il y est question de résilience et de capacité à surmonter les difficultés, une philosophie de vie au cœur de la discographie de l’artiste irlandais. Album de la maturité, ‘All That Was East Is West of Me Now’ y trouve idéalement sa place aussi bien du point de vue du thème central, le rapport au temps qui passe abordé ici avec un regard sincère et authentique, que des sonorités.

Hormis l’onirique Between Us There Is Music qui fait le lien avec ‘This Wild Willing’, son opus précédent, l’ensemble est en effet fidèle à l’univers de Glen Hansard, tout en contraste. Passé l’électrisant Down On Our Knees, sorte de retour aux sources de l’époque de The Frames, le chanteur nous livre des compositions aux atmosphères suspendues et contemplatives alternant avec brio les rythmes et les textures sonores. L’orchestration, délicate et soignée, profite à l’ambiance tamisée et intime des morceaux les plus doux, en témoigne l’émotion véhiculée dans Ghost. Comme un souhait de revenir à une musique plus organique, des notes de piano ou de guitare acoustique éparses évoquent successivement l’époque de The Swell Season mais aussi ses récentes collaborations avec Eddie Vedder et Cat Power. Seul écueil de l’album à notre goût, le pourtant habité Sure As The Rain, dans lequel Hansard glisse quelques mots de français, peine à convaincre.

‘All That Was East Is West of Me Now’ se conclue sur un ton plus électrique avec Bearing Witness et Short Life où la voix de Glen Hansard chaude et puissante trouve son meilleur écrin. Car c’est dans cet exercice qu’il excelle, celui de faire vaciller les cœurs autant que celui de faire trembler les murs. De ces nouvelles compositions, aussi alambiquées que les meilleurs whiskys de son pays, on retiendra ce rapport au mouvement, cette capacité à aller de l’avant. Une manière de rappeler que rien n’est complètement figé et que malgré toutes les difficultés, il faut avancer. Laisser ce qui fut… et mettre le cap vers l’Ouest.

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