On est à Vannes, un matin d’octobre, et on a comme l’impression que l’été joue les prolongations. Il doit bien faire 25°, on a la chance d’avoir un grand ciel bleu et on ne va certainement pas s’en plaindre ! D’autant qu’au même moment souffle comme un vent de fraicheur avec un groupe breton qui commence à faire parler de lui. Accompagné par l’Echonova l’an dernier, le trio Anne de Ker est actuellement en résidence au B.R.E.F. (Bar, Ruche, Éphémère et Fertile) pour travailler sur son nouveau show et composer de nouveaux morceaux en vu de la sortie d’un premier album très attendu. Rencontre avec Anne la chanteuse et Hubert le batteur du groupe.

The Morning Music : Qui se cache derrière Anne de Ker ?

Anne : Anne de Ker c’est le diminutif de mon nom de famille mais dans le groupe il y a plusieurs musiciens dont Hubert et Charles-Alexandre le bassiste, qui m’accompagnent. Il y a aussi beaucoup d’autres gens qui orbitent autour du projet.

Hubert : Oui, il y a vraiment un esprit collectif. On intègre facilement des personnes avec qui on s’entend bien musicalement parlant qui viennent, qui repartent, et qui gravitent autour du noyau dur.

Anne : Pour les gros show par exemple, il y a des danseurs, des invités mais Anne de Ker c’est surtout Hubert, Charles-Alexandre et moi.

TMM : Comment est né le projet ?

Anne : Tout a commencé pendant le confinement suite à une collaboration que j’ai faite avec un DJ. De là est sorti un premier enregistrement. A côté j’écrivais mes propres textes parce que je suis comédienne à côté. J’ai ensuite collaboré avec d’autres musiciens mais je dirais qu’officiellement le projet est né quand j’ai commencé l’accompagnement avec l’Echonova (la salle de musiques actuelles de Vannes ndlr) l’année dernière. C’est là qu’on s’est tous rencontré et c’est là bas qu’on a créé nos premiers morceaux, notre live. Avant, c’était surtout un set live avec une chanteuse et des backing tracks, comme on peut l’entendre chez Suzane ou Eddy de Pretto. A l’Echonova, j’ai commencé à jouer avec des musiciens en live et le projet a prit un autre tournure, une autre ampleur.

Hubert : L’accompagnement de l’Echonova a vraiment permit à Anne d’officialiser le format actuel et d’obtenir cet esprit de collectif, mais aussi de la crédibilité pour ses compositions, pour faire décoller le projet.

TMM : Votre musique déborde d’énergie, où puisez-vous vos influences ?

Hubert : Magma ! (rires) C’est un collectif de jazz rock mais ce que je veux dire c’est qu’on est un peu dans le même esprit, celui d’un collectif avec un noyau dur, c’est complètement barré, et c’est en ça que je nous retrouve dedans. Après musicalement, eux ils sont dans le psychédélique, alors que nous on fait du récréatif. On nous compare souvent au Rita Mitsouko, à Niagara.

Anne : Oui, voilà. Il y a vraiment ce son des années 80 et son côté funky rétro qui nous parle. Après on le modernise, on rajoute une touche d’électro pour obtenir quelque chose de solaire avec du peps. Je trouve que dans la chanson française c’est ce qui manque. En tout cas c’est une vraie envie et on essaie de s’en rapprocher. Pour ce qui est de nos influences je rajouterai Elisa Erka et Julien Granel qui sont des artistes solaires.

Hubert : Oui, nos influences se trouvent plus là que chez Magma (rires).

TMM : Comment est née la chanson Voguons ?

Anne : A la base Voguons c’est un poème qui parle d’aventure et qui aborde aussi le thème de la confiance, dans le fait de faire confiance à l’autre, de déléguer, de se laisser porter par le rythme de l’autre, avec cette notion de mouvement. J’avais fait la rencontre d’une vieille dame à qui je rendais visite et qui était extrêmement drôle et excentrique. Qui aimait la mer aussi. C’est elle qui m’a inspirée ce poème un peu barré et quand j’ai voulu le mettre en musique, il est devenu complètement autre chose. On est parti plus sur le thème de l’amour, même si de base il parlait aussi bien d’amitié que d’amour. Donc voilà, c’est parti de là et c’est pendant le confinement que ce poème s’est transformé en chanson.

Hubert : D’où l’importance des textes dans notre musique. On y retrouve le côté fun, le peps.

Anne : C’est vrai que Voguons est un peu à part dans nos compositions parce que c’est plus une adaptation qu’une chanson écrite de manière traditionnelle.

Hubert : Chaque titre a vraiment son univers, que ce soit dans la musique ou dans l’écriture des paroles. Ils ont en commun l’originalité du groupe.

TMM : Justement comment composez-vous vos chansons ? Qui fait quoi ?

Anne : J’écris les textes et je compose les mélodies de voix que je présente aux musiciens. Et puis eux travaillent ensuite sur les arrangements.

Hubert : Oui c’est ça, nous on va jammer, on va apporter nos idées. Parfois on fait appel à d’autres personnes comme Matthieu qui est très bon dans la production. Il n’y a pas vraiment de méthode en fait, ça dépend de chaque titre.

TMM : Vous rendez hommage à Jean-Paul Belmondo dans la chanson Bebel, que vous inspire cet acteur mythique ?

Anne : Je dirais la liberté, la prise de risque et la stature. Il a de la gueule, un charisme.

Hubert : Le courage aussi, l’aventure. Il a une figure d’aventurier, dans sa manière de faire des cascades. De découvrir, de tester de nouvelles choses. Ça correspond à nos valeurs.

Anne : Il est tellement devenu un personnage public comme Louis de Funes qu’il inspire quelque chose d’assez universel. La chanson a été co-écrite avec la scénariste Marie-Laure Berthelin qui est aussi fan de Bebel et quand on en a parlé c’était avant son décès. C’était d’ailleurs prévu qu’il l’écoute. Mais lui qui disait avant sa mort qu’on allait l’oublier, eh bien ce n’est pas le cas. Il est « éternel » comme le dit la chanson.

TMM : Anne tu es aussi comédienne, tu arbores des tenues très colorées sur scène, est-ce que c’est important pour toi de mélanger musique et comédie en concert ?

Anne : Oui, parce que le projet s’y prête avec le côté peps, le fait d’écrire en français, il y a une vraie narration. Ça fait du bien parce qu’on interprète beaucoup, c’est quelque chose qu’on ne fait plus trop aujourd’hui. Ça s’est fait un peu malgré moi au début parce qu’on m’a dit que j’avais une présence scénique et du fait que je suis comédienne, autant s’en servir. Au niveau des costumes c’est juste que j’adore les paillettes et les costumes (rires). Quand on peut avoir des danseurs avec nous c’est super mais aujourd’hui on est en format réduit, car c’est la musique qui prime avant tout. Par contre il y a un vrai fil rouge tout au long du live qui est entrecoupé par des intermèdes un peu comme au théâtre. Dans ces intermèdes, il y a de la poésie, du cinéma, du théâtre en lien avec les thèmes abordés dans nos chansons, les choses qu’on vit et qui nous inspire. Donc c’est logique, moi qui suis comédienne, que le théâtre s’y retrouve quelque part. Mais le théâtre est vraiment au service de la musique.

TMM : Il y a l’idée de raconter une histoire en chanson

Hubert : Oui, il faut voir chaque chanson comme un court-métrage et sur scène il y a du théâtre entre chaque court-métrage. Tout ça en se marrant et en portant des paillettes (rires).

Anne : Sur scène, c’est un peu comme une croisière. La mer nous inspire, alors on s’imagine être comme un bateau sur la mer qui amène le public quelque part et à travers les flots, on aborde d’autres thèmes. Chaque petite capsule, chaque chanson a vraiment son univers musical, son thème. Quand l’album sortira, on pourra vraiment s’apercevoir qu’il n’y a pas deux titres qui se ressemblent et pour nous c’est important.

TMM : Vous êtes actuellement en résidence au B.R.E.F. pour travailler sur de nouvelles chansons.

Anne : Oui, pour l’instant il y a une nouvelle chanson qui est quasiment prête co-composée avec le bassiste mais on est juste pas encore d’accord sur le titre (rires). Il y a beaucoup d’idées qui émergent mais tout ça prend du temps, on doit mettre en forme ces idées maintenant. On a plusieurs pistes ou en tout cas des thèmes qu’on veut aborder.

Hubert : Ce qui est cool avec le B.R.E.F. c’est qu’on a rencontré pas mal d’artistes qui sont passés dans le studio avec qui on a pu échanger, développer des idées qui ont émergé de ces rencontres. D’un côté on est enfermé dans le studio, dans notre monde, dans notre univers et de l’autre côté on a accueilli des musiciens qui viennent de temps en temps.

Anne : Ça nous permet aussi d’avoir leurs retours, et chacun a un peu sa chanson préférée, sa vision du show.

TMM : C’est en ça que le R de B.R.E.F. pour ruche prend tout son sens…

Hubert : Oui, c’est ça et nous on adore cet esprit là, cet esprit ruche où tout le monde gravite avec chacun sa particularité. Tout le monde vient échanger ses idées et ça permet d’enrichir le collectif.

TMM : Votre prochain concert aura lieu à la croisette parisienne le 20 octobre, excités à l’idée de faire connaitre votre projet à la capitale ?

Anne : Oui, ça va être notre première date à Paris ! On sait qu’on est attendu là bas stressés alors évidemment il y a le côté stressant des premières.

Hubert : On est très content de jouer là bas. Surtout que ça se passe sur un bateau ! Souvent les péniches restent à quai, là elle va partir en croisière sur la Seine et nous on va jouer pendant ce temps. Ça va être super cool avec tous les monuments de Paris que les gens vont pouvoir voir pendant qu’on joue, ça va être incroyable, un show de dingue !

Anne : C’est vrai que c’est incroyable de jouer dans un lieu si atypique ! Le fait de jouer et d’être sur l’eau, de chanter Voguons, on a vraiment l’impression que les étoiles sont alignées.

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